1) La candidature

Pour devenir franc-maçon il faut avant tout le vouloir. En effet, la franc-maçonnerie est un engagement qui nécessite du temps, de la maturité et le sens des responsabilités.

Il existe plusieurs possibilités pour faire acte de candidature :

- la plus facile est d'avoir un franc-maçon dans son entourage, encore faut-il qu'il le fasse savoir. Celui-ci peut se porter garant du candidat et le parrainer.

- Il est possible d'assister à des « tenues blanches ouvertes », c'est-à-dire des réunions maçonniques ouvertes au public. Ces réunions permettent aux profanes (non-maçons) de se faire une idée du travail opéré par les frères et de les rencontrer pour un éventuel parrainage. Les dates de ces tenues blanches sont consultables sur les sites internet des principales obédiences, ou par téléphone (le standard du Grand-Orient est indiqué dans les pages blanches de l'annuaire).

- Enfin, il est possible de faire parvenir sa candidature par simple courrier. Les obédiences répondent généralement à toutes les lettres sérieuses. Il est demandé d'envoyer un curriculum vitae, une lettre de motivation et deux photos.

2) Premier entretien avec le vénérable

Après l'une de ces trois démarches, le vénérable (président de la loge) prend contact avec le candidat pour une entrevue qui doit permettre d'évaluer la solidité de ses motivations. A la suite de ce premier contact, le vénérable fait remplir une notice autobiographique à l'impétrant et l'invite à se procurer un extrait de casier judiciaire vierge. Les photos que le candidat a fait parvenir à l'obédience vont servir aux trois enquêteurs, elles doivent donc être ressemblantes. La notice en plus des photos vont servir au secrétariat de l'obédience à s'assurer que le candidat n'a pas déjà effectué une démarche suivie d'un refus. Si tel n'est pas le cas, il est contacté par trois frères de la loge où il postule. Le délai d'attente entre l'envoi de la lettre ou le premier contact avec un franc-maçon parrainant le candidat, est de deux mois minimum. Il constitue une première épreuve car si l'impétrant est impatient et le fait savoir, il sera refusé. La franc-maçonnerie n'est pas une secte ou un club, elle n'a pas besoin de faire du prosélytisme pour recruter. Aussi, chaque personne qui demande à entrer en Maçonnerie doit avoir conscience d'une possibilité de refus.

3) Les trois enquêtes

Le vénérable confie à trois francs-maçons de sa loge le soin de rencontrer le candidat. Théoriquement les trois enquêteurs ne doivent pas savoir qui sont leurs alter ego. Cela permet d'obtenir trois rapports distincts. La première enquête a pour but de connaître la vie du candidat : son enfance, ses études, sa famille et sa profession. Le deuxième entretien porte sur les positions politiques de l'impétrant. Enfin la troisième entrevue doit permettre de connaître les points de vue philosophiques et métaphysiques du candidat.

Le frère enquêteur a une lourde charge, il doit rédiger un rapport fidèle à l'entretien qui permettra aux membres de sa loge de voter pour ou contre l'initiation de l'impétrant. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les cursus universitaires interminables et l'érudition ne sont pas les critères de sélection Ce qui plait aux francs-maçons, ce sont la sincérité des propos, l'humilité du candidat et sa capacité de remise en question. On peut parler d'élitisme en Maçonnerie si l'on considère qu'elle ne recherche que des personnes capables de se remettre en question, d'accepter les opinions d'autrui. Cette qualité est effectivement rare et ne s'acquiert pas nécessairement sur les bancs de l'université.

4) Le passage sous le bandeau

Les rapports d'enquêtes sont lus aux frères de la loge avant l'entrée du candidat. Celui-ci va devoir répondre à un certain nombre de questions les yeux bandés. C'est une nouvelle épreuve psychologique bien sûr mais c'est aussi une sécurité pour les francs-maçons. En effet, en cas de refus du candidat, les frères doivent s'assurer que leur identité ne sera pas révélée. Ce n'est pas une mince sécurité quand on connait la rage exprimée par les milieux d'extrême-droite à l'égard des francs-maçons. Le candidat se trouve en position d'infériorité ce qui est loin d'être agréable pour lui. Néanmoins, le souvenir de cette épreuve est un des fort liens qui unissent les frères de part le monde.

Pour que l'impétrant soit admis, il faut qu'il ait réuni les trois quarts du scrutin en sa faveur. Le vote positif s'exprime par une boule blanche déposée dans un tronc et le vote négatif est représenté par une boule noire (d'où l'expression « se faire blackbouler »).

5) L'initiation

L'initiation fait partie du prétendu « secret maçonnique ». Secret de polichinelle en vérité, puisque toutes les cérémonies maçonniques ont été relatées et analysées dans de nombreux livres. Le véritable secret maçonnique est intransmissible puisqu'il est individuel. Il relève de l'émotion vécue par chaque frère (ou chaque soeur) au moment de son initiation et de son évolution psychologique personnelle au sein de la loge. Il est préférable de ne pas connaître la cérémonie d'initiation dans le détail pour ne pas gâcher le plaisir de la surprise. Décrire le contenu de cette cérémonie reviendrait à présenter un magnifique paquet cadeau à quelqu'un, tout en lui révélant ce qu'il contient. L'effet psychologique de l'initiation est plus efficace si le candidat est vierge de toute connaissance à propos des cérémonies maçonniques.

Vous avez un aperçu à peu près complet des démarches et des épreuves qui vous attendent si vous aspirez à devenir franc-maçon (ne). Il est nécessaire de dresser un panorama des obédiences selon leur philosophie et leur histoire. Ce panorama vous permettra de choisir l'obédience qui correspond le mieux à vos conceptions philosophiques.

Le Grand-Orient de France est l'obédience la plus ancienne, elle a été fondée en 1773. Elle est également la plus importante quantitativement puisqu'elle regroupe  1030 loges avec 52 000 membres (45 000 maîtres, 10 000 membres des hauts-grades)  La Grande Loge nationale française comprend 1400 loges avec 25 000 membres., la Grande Loge de France rassemble 700 loges et 26 000 membres, la Fédération française du Droit humain contient 500 loges et 14 000 membres, la Grande Loge féminine de France : 340 loges, 11 000 membres, la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra : 170 loges, 3 600 membres, la Grande Loge mixte de France : 80 loges, 1 800 membres, la Grande Loge mixte universelle : 50 loges, 800 membres, L'Ordre Initiatique et Traditionnel de l'Art Royal, 60 loges et 1 000 membres, Le Grand Prieuré des Gaules, 50 loges et 800 membres, la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm : 35 loges, 850 membres, la Loge nationale française : 25 loges, 250 membres, La Grande Loge Iindépendante et Souveraine des Rites Unis : 24 Loges, 200 membres, La Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité, 300 membres. Soit environ 133 000 membres en tout.

Le Grand-Orient est à l'origine de la loi de 1905 statuant sur la séparation des Eglises et de l'Etat. C'est dire si cette obédience est une société qui a lutté pour le progrès social. Les frères du G.O. continuent de se battre pour l'amélioration matérielle et morale de l' humanité. Les réflexions sont concentrées sur la bioéthique, l'égalité des droits entre hétérosexuels homosexuels, la prise de conscience du phénomène sectaire, le renforcement de la laïcité, le revenu vital garanti, le poids des organismes religieux sur la société du 21è siècle (avec une inquiétude certaine concernant l'influence de l'Opus Dei), etc... On peut se faire une idée des travaux du GODF dans la revue qu'il publie : Humanisme.

Le Grand-Orient accepte toutes les idées et toutes les croyances. Il ne rejette que les membres du Front National et les adeptes des sectes.

L'historien André Combes déclare à propos du G.O. : Les loges du Grand-Orient se veulent des écoles mutuelles oeuvrant pour la libération intellectuelle et le progrès social.

L'adhésion au Grand-Orient coûte 400 euros par an. Bien sûr, l'apprentissage d'un instrument comme le piano est plus cher mais l'inscription dans une loge maçonnique reste élevée, il faut bien le savoir. Néanmoins une exemption reste possible pour les RMIstes et les chômeurs après la première année. Cela fait partie du principe de solidarité maçonnique. Le Grand-Orient a retrouvé en 2010 la mixité qu'il avait perdue en 1804 En effet, le GODF fut mixte de 1773 à 1804, c'est Napoléon qui y mit fin. En 2013, 2000 femmes faisaient partie du GO pour 50 000 hommes.

La Grande Loge de France fut longtemps la deuxième obédience sur le plan numérique, elle affiche 24 000 adhérents. Elle a été créée en 1894. Elle travaille à la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Sur l'autel figurent les « trois grandes lumière » de la franc-maçonnerie conservatrice, c'est-à-dire, l'équerre, le compas et la Bible. Les athées ne peuvent pas se sentir à leur place dans cette obédience. En effet, il est recommandé de croire en l'existence d'un être suprême, qu'il soit un dieu révélé ou non. L'étude des symboles : équerre, compas, niveau, delta lumineux est primordiale au sein de la Grande Loge. Ainsi, les travaux de fonds sur la société sont traitées avec une importance moins grande qu'au Grand-Orient. De même, la GLDF estime que le combat pour la laïcité menée par le GO est passéiste. La Grande Loge possède sa propre revue : Points de vue initiatiques.

Le coût de l'adhésion à la Grande Loge de France est équivalent à celui du G.O. Les femmes sont refusées au sein des loges de la GLDF, qu'elles aient été initiées ou non.

Créé en 1893, le Droit Humain est une obédience mixte internationale. Elle fut la première à accepter les femmes dans des loges (mise à part l'exception historique de la loge "Les libres-penseurs" du Pecq qui initia Maria Deraimes) véritablement maçonniques (ce qui exclu donc les loges dires d'adoption qui avaient été créées au XVIIIè pour rendre hommage aux femmes de maçons). Le Droit Humain a été créé au début du mouvement féministe. La lutte des « suffragettes » faisait la une des journaux et des grands personnages comme Maria Deraimes ou Louise Michel étaient à la fois dans les loges et les manifestations féministes. L'invocation au Grand Architecte de l'Univers est facultative dans les loges du D.H. aussi la croyance en dieu n'est pas obligatoirement requise pour être initié dans cette obédience. Le Droit Humain, le Grand-Orient et la Grande Loge ne sont pas reconnus par la franc-maçonnerie anglo-saxonne et sont donc considérés comme « irréguliers ». La raison, somme toute assez puérile, est la non invocation à la loi divine et l'acceptation des femmes dans les loges, qui représente pourtant « la moitié du ciel ».

Bien qu'il soit indépendant, le DH est assez proche du Grand-Orient.

L'adhésion au DH est de 300 euros par an. Il compte plus de 15 000 membres et édite une revue : Le Bulletin de la Fédération Française du Droit Humain.

Créée en 1913, la Grande Loge Nationale de France est la seule obédience maçonnique reconnue par la franc-maçonnerie anglo-saxonne. Elle refuse tout contact avec les autres obédiences françaises et radie tout membre qui visite les loges dites irrégulières, c'est-à-dire celles qui acceptent les femmes et les athées. Pour être adhérent de la GLNF, la croyance absolue en un dieu révélé est requise. Toute discussion sur la société ou sur la politique est absolument interdite. Pour la GLNF, les frères et les soeurs des autres obédiences ne sont pas des francs-maçons, ce qui en dit long sur la « tolérance » pratiquée par les membres de cet organisme. Le Nouvel Observateur, Libération et Charlie-Hebdo signalent que la Grande Loge Nationale Francaise est la franc-maçonnerie des « affaires ». La GLNF afficha jusqu'à 40 000 membres jusqu'à son explosion en 2011 suite à la crise provoquée par son grand-maître François Stifani. Elle ne compte plus que 25 000 frères et possède sa propre revue : Les Cahiers de la Loge Villard de Honnecourt.

Les polémiques sur la franc-maçonnerie, notamment celle lancée par le procureur Montgolfier, visent la GLNF. Parmi les « frères » de la GLNF les quotidiens modérés citent un ex-président d'une association de recherche contre le cancer, quelques aventuriers de la « Françafrique » et un médecin à grosse moustache, récemment condamné pour une affaire de contamination...

Il est regrettable que les médias fassent l'amalgame entre les francs-maçonneries de progrès et la franc-maçonnerie des affaires. Le grand-public qui n'est pas forcément au courant de toutes les distinctions entre Grand-Orient et Grande Loge Nationale peut avoir tendance à confondre, qui peut lui reprocher ? Ce site a pour but de rétablir la vérité avec des preuves précises tirées de l'histoire de France et d'articles de presse avisés. Ce site n'est pas animé par la haine contre la GLNF mais par la volonté de clarifier le fait maçonnique. Il est possible que des frères de la GLNF se sentent blessés par ce qui vient d'être écrit. Il leur appartient de montrer qu'ils sont capables de "rassembler ce qui est épars" en incitant leur obédience à reconnaître enfin le Grand Orient, le Droit Humain, la Grande Loge de France et la Grande Loge féminine de France. Il leur appartient également d'exhorter leur obédience à radier les "frères" qui se compromettent dans des affaires douteuses ou malhonnêtes.

Citons une fois encore le procureur Montgolfier qui déclarait au journaliste du Nouvel observateur : Ce n'est pas la maçonnerie, par ailleurs une philosophie intéressante et respectable, que je condamne, mais son usage par certains. Ce que l'on appelle la maçonnerie d'affaires. Les maçons honnêtes sont d'ailleurs les premiers à en être affectés.

Les femmes furent longtemps victimes de la mysoginie maçonnique. Les constitutions d'Anderson leurs refusaient l'initiation. Les loges d'adoption qui furent créées au XVIIIè siècle étaient souchées à des loges masculines. Ces loges d'adoptions enseignaient aux soeurs la docilité et l'obéissance au mari ! Il fallut attendre la création du Droit Humain par Maria Deraimes pour que le véritable enseignement maçonnique soit dispensé aux femmes. La Grande Loge Féminine de France a été créée en 1945. Certains historiens la font remonter au XVIIIè siècle mais le rapprochement semble déplacé quand on connait le caractère condescendant des loges d'adoption.

La croyance n'est pas obligatoire de même que l'invocation au Grand Architecte de l'univers. Plus tolérantes que les obédiences uniquement masculines (Grande Loge de France et GLNF) les femmes acceptent de recevoir les frères lors de leurs travaux en loge. Certaines loges n'acceptent que les maîtres, peut-être pour des raisons de maturité maçonnique.

Les travaux des soeurs sont empreints d'une sensibilité plus grande que ceux des frères. Tout frère membre d'une obédience masculine qui visite la GLFF se rend souvent compte de ce que perd sa fédération. La grâce qui gouverne les initiations dans les loges féminines est souvent touchante.

Comme le Grand-Orient et le Droit Humain, la GLFF travaille à l'amélioration matérielle et morale de la société. Les discussions sur des faits de société ne sont donc pas interdites. Les soeurs de la GLFF sont 14 000.

Créée en 1958, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique est une petite obédience qui compte 4 000 frères. Cette obédience uniquement masculine travaille à la gloire du Grand Architecte de l'univers mais contrairement à la GLNF, elle n'impose pas la croyance en un dieu révélé. La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique a été fondée par des membres de la GLNF qui ne supportait plus la pression de la franc-maçonnerie anglo-saxonne et l'isolationnisme. Les membres de cette obédience sont en contact avec le Grand-Orient et on parle d'une fusion possible de la GLTS avec la Grande Loge de France.

Cette obédience est le fruit d'une scission. En effet, quelques frères et soeurs ne supportant plus les prises de postions du Droit Humain ont créé leur propre fédération de loges en 1973. En réalité, le fonctionnement et les réflexions de la GLMU sont identiques à ceux du Droit Humain. Les membres de la Grande Loge Mixte Universelle sont moins de 1 200. Il est probable que cette obédience disparaisse à plus ou moins long terme car elle est peu soutenue par les autres fédérations maçonniques.

Fondée en 1982, cette obédience est le fruit d'une scission d'avec la Grande Loge Mixte Universelle. Contrairement à la GLMU, la GLMF est soutenue par le Grand-Orient, ce qui lui donne des perspectives un peu plus grandes. Malgré tout, l'effectif de cette obédience reste maigre et ne dépasse pas 4 000 adhérents. La liberté absolue de conscience est de règle, les travaux sont liés à l'étude du symbolisme et des questions sociales. Toutes les loges ne sont pas mixtes, il en existe des strictement masculines et des strictement féminines.

Fondé en 1974 par des membres du Grand-Orient, cette obédience a la particularité de proposer à ses membres la pratique du rite opératif de Salomon. Ce rite est très rigoureux et demande une application très longue. De nombreux symboles sont employés et l'installation de tous les décors prend souvent autant de temps que les réflexions elle-mêmes. Les frères et soeurs (puisque cette obédience est mixte) semblent très attachés à la présence massive des symboles, et les loges de OITAR sont richement éclairées par un grand nombre de flambeaux. Le Grand Architecte de l'Univers est invoqué en loge mais la croyance en dieu n'est pas obligatoire. Les planches (exposés) des membres doivent être récitées et non lues contrairement à ce qui se fait dans les autres obédiences. Cette particularité oblige les frères et les soeurs à une grande maîtrise de leur émotivité. OITAR compte 1 000 membres.

Fondée en 1969, réveillée en 1985, cette obédience est exclusivement féminine et n'admet aucun frère, même en visiteur. La philosophie, le symbolisme et l'édition de livres traitant de maçonnerie caractérisent cette micro-obédience. Heptagone a publié Voyage en Orient de Gérard de Nerval qui développe le mythe fondateur de la franc-maçonnerie : la mort d'Hiram. Les 300 soeurs de l'Heptagone sont tout de même très radicales puisqu'elles refusent tout contact avec les autres obédiences maçonniques et de plus elles n'en reconnaissent par la « légitimité spirituelle ». Heptagone ne veut pas fonctionner en obédience. Ultra-spiritualistes, les soeurs se veulent les tenantes d'une véritable initiation féminine non calquée sur les rites masculins. Sous les auspices du sept, chiffre féminin par excellence. Se font connaître médiatiquement par la parution de nombreux livres.

Le symbolisme exacerbé et l'esprit initiatique radical de l'heptagone sont à considérer avec une certaine prudence.

La Loge Nationale Française est une scission de la Grande Loge traditionnelle et Symbolique. Créée en 1968, la LNF possède une revue : Renaissance Traditionnelle qui accueille les travaux des frères. Les réflexions de cette obédience sont portées sur les différents rites, le symbolisme et la tradition maçonnique. La devise de la LNF est «dieu est notre guide » ce qui ne laisse aucune ambiguïté sur les opinions religieuses de cette fédération de loges. Les maçons de la Loge Nationale de France sont férus d'ésotérisme chrétien et espèrent un rapprochement avec l'église catholique dans un proche avenir.

Cette micro-obédience ne compte que deux cents cinquante frères (les femmes ne sont pas acceptées).

« Misraïm » est un mot qui parait curieux, il signifie « Egypte ». En effet, le rite de Misraïm fut constitué en 1788, à Venise, par Cagliostro qui prétendait détenir des pouvoirs secrets tirés de la Grande Egypte. La branche française date de 1813 et comprenait à l'origine quatre-vingt dix degrés initiatiques. Le rite de Memphis fut constitué à Montauban, en 1815, par des francs-maçons ayant participé à la mission d'Egypte dans les armées de Bonaparte. La fusion entre Memphis et Misraïm fut opérée en 1881 par Garribaldi qui en fut le premier Grand-Maître. Le rite de Memphis-Misraïm continue une tradition d'attachement aux principes de tolérance et de liberté de pensée. Au XIXè siècle cette obédience accueillit les fameux carbonari qui se battirent pour l'Unité italienne avec Garribaldi. En 1944, Constant Chevillon, le Grand-Maître de la fédération française de Memphis-Misraïm fut assassiné par la police collaboriationniste de Vichy. Il n'est pas inutile de rappeler que les francs-maçons furent des martyrs du régime nazi au même titre que les Juifs, les Gitans, les trisomiques et les homosexuels. Le Rite de Memphis-Misraïm a pris sa forme actuelle en 1959. Il comprend quelques loges « bleues », c'est-à-dire les loges des trois premiers degrés (apprenti, compagnon et maître) mais abrite surtout des loges de hauts-grades (on en compte quatre-vingt quinze dans cette obédience !).

Le Rite de Memphis-Misraïm croit en l'existence de dieu et travaille donc à la gloire du Grand-Architecte de l'Univers. Les travaux de cette obédience sont très influencés par le symbolisme, l'alchimie et les diverses formes de l'ésotérisme maçonnique. Les débats sur la société, la religion et la politique sont interdits. Les frères de Memphis-Misraïm sont cinq-cents. Il existe une fédération féminine de Memphis-Misraïm, elle a été créée en 1981. Elle est totalement indépendante de la fédération masculine même si elle en reprend les principes. Elle se trouve 13 allée de l'acacia, 9 boulevard Jean Mermoz, 92 200 Neuilly.

Créée en avril 2012 suite à l'explosion de la GLNF. Elle en garde le conservatisme (pas de mixité, pas de travaux sur la société, obligation de reconnaître le principe du Grand Architecte de l'Univers).

Elle affiche 20 000 membres et attend la reconnaissance du Vatican maçonnique : la Grande Loge Unie d'Angleterre.

Obédience créée en 2003 par des frères déçus par la GLNF. Elle en garde les traditions mais ne rencontre pas le succès de la GL-AMF. Elle compte 500 adhérents.

Obédience née en 1973 d'une scission de la LNF. Elle comprend 21 loges masculines, féminines et mixtes. Les membres de cette obédience sont 250. Elle est membre du CLIPSAS et donc reconnue par les grandes obédiences.

Obédience créée en 2003 d'une scission de la GLNF. Le frère François Thual, géopolitologue est à l'origine de cette Grand loge. Elle compte 300 membres et des loges mixtes.

Enfin, il est à noter que certaines sectes prenant conscience de l'engouement des français pour le fait maçonnique, tentent de se faire passer pour des mouvements inspirés de la franc-maçonnerie. La plus dangereuse de ces sectes s'appelle « la rose-croix d'or » elle figure dans le rapport de l'Assemblée Nationale rédigé à l'initiative d'André Vivien. L'émission "Etats de faits" du 23 janvier 2000 diffusée par France Inter signalait que l'AMORC qui se veut l'héritier des rose-croix du 17è siècle serait en réalité un réseau ambigu lié à l'ordre du temple solaire, à la secte Horus et au mandarom (sic). Il faut signaler que M. Bernard, ancien grand maître de l'AMORC (ancien et mystique ordre rose-croix) a été entendu par la Justice dans le procès de l'ordre du Temple Solaire, en tant que témoin. Cet ordre assez "spécial" vend son enseignement à des prix très élevés. Il est constitué de 12 brochures qui permettent d'acquérir des "super-pouvoirs" comme la transmission de pensée...

T R. (mars 2000, juin 2013)